L’aqueduc de la Dhuys

Par Roger Laloyaux

Au lendemain du coup d’État du 2 décembre 1851, le futur Napoléon III  rêve de faire de Paris une capitale moderne à l’image de Londres, une ville qu’il a connue dans ses années d’exil. Sous l’impulsion du préfet Haussmann, ordonnateur de grands travaux, la ville se transforme dans un climat de spéculation immobilière. L’approvisionnement de la capitale en eau n’est pas le moindre des problèmes à résoudre. La qualité sani­taire de la Seine laissant à désirer et le débit des puits et fontaines se révélant depuis longtemps insuffisant, il faut faire appel, comme à l’époque gallo-romaine, à la cons­truction d’aqueducs et à la dérivation d’eaux plus lointaines. Ainsi vint l’heure de la Dhuys, petit sous-affluent de la Marne qui coulait dans le sud de l’Aisne.

Un problème ancien

Les premiers à se pencher sur la question furent les Romains qui, pour approvisionner Lutèce et ses thermes, n’hésitèrent pas à construire l’aqueduc d’Arcueil, long de 15 kilomètres, qui ame­nait sur les bords de la Seine l’eau provenant des sources du plateau de Wissous. Au cours des siècles suivants, c’est essen­tiellement l’eau du fleuve qui fut utilisée, grâce aux porteurs d’eau, pittoresques figures de la vie quotidienne à Paris jusqu’au milieu du XIXe siècle. Ils étaient au nombre de 58 en 1292, et plus de 5 000 au XVIIe siècle.

Mais dès le Moyen Age, plu­sieurs travaux de captage avaient été entrepris: captage des eaux de Belleville dès 1060 par les moines de Saint-Manin des Champs, puis vers 1150 captage des eaux du Pré Saint-Gervais par les moines du prieuré Saint-Lazare Ces travaux, les seuls réalisés à Paris jusqu’au XVIIe siècle, approvisionnaient en eau quelques fontaines publiques de manière bien insuffisante, d’au­tant plus que la population pari­sienne ne cessait d’augmenter. En 1608, à la hauteur du Pont-Neuf, est construite la pompe de La Samaritaine pour alimenter le Palais du Louvre et de nouvel­les fontaines. Henri IV avait songé à faire rétablir l’aqueduc d’Arcueil pour alimenter les quartiers de la rive gauche de la Seine, mais les travaux, inter­rompus par son assassinat en 1610, ne furent achevés qu’en 1623. En 1777, les frères Périer, qui reçurent du Parlement l’au­torisation de construire sur les berges de la Seine les pompes à feu de Chaillot et du Gros Caillou, créèrent la première compagnie parisienne des eaux. 

Au début du XIXe siècle, la situation s’améliora quelque peu grâce à de nouveaux travaux. Dès son arrivée au pouvoir, Bonaparte décida la construc­tion du canal de l’Ourcq. En 1808 le bassin de la Villette fut terminé et l’eau coula à la fon­taine des Innocents le 15 août 1809. Par la suite, des puits arté­siens sur le plateau de Grenelle furent creusés et terminés en 1852, mais ils n’apportèrent que 900 m3 supplémentaires en 24 heures. C’était insuffisant d’au­tant plus qu’à cette époque, le service des eaux de Seine était, comme celui des eaux d’Ourcq, dans une situation fâcheuse sur le plan sanitaire.

Où trouver de l’eau pour Paris

C’est un sujet qui préoccupa Haussmann dès les premiers temps de son nouveau poste de Préfet de la Seine. Il dut com­battre près de huit ans pour gagner «la bataille des eaux de source». Il s’assura le concours de l’ingénieur Eugène Belgrand, qu’il connaissait depuis son pas­sage à la préfecture de l’Yonne.

Georges Eugène Haussmann (1809-1891)

Dans ses Mémoires, Haussmann s’explique large­ment: «C’est dans le cours du mois d’avril 1854 que je chargeai Monsieur Belgrand de dresser la statistique des sources du bassin de la Seine dont il était possible de dériver les eaux sur Paris. Le 8 juillet je reçus de lui un premier rapport. Le 4 août je le soumis au Conseil Municipal avec mon pre­mier Mémoire. Le rapport de Monsieur Belgrand comportait: la classification méthodique des terrains du bassin de la Seine, au point de vue de l’hydrologie ; l’in­ventaire des principales sources qu’on pouvait dériver ; les résultats du jaugeage et l’analyse du laboratoire de l’École des Ponts et Chaussées ; l’étude sommaire d’une dérivation de chaque grou­pe de sources ; l’avant-projet de celle qu’il proposait en priorité. (.. .) Monsieur Belgrand exprima sa préférence pour les eaux de la Somme-Soude et de la Vanne. Nous dûmes cependant recourir à celles-ci plus tard, devant les obs­tacles insurmontables que rencon­tra l’adoption du projet de cet habile ingénieur».

Eugène Belgrand était un spé­cialiste de la géologie, peu ensei­gnée à l’époque, et de l’hydrolo­gie qui était, elle, complètement ignorée. Il avait remarqué que Paris était entouré d’une lentille de gypse qui gâtait l’eau des sources entre Château-Thierry à l’est et Meulan à l’ouest et qu’il fallait chercher l’eau nécessaire aux besoins domestiques au-delà de ces limites, c’est-à-dire à de grandes distances. Le projet de dérivation de la Somme-Soude prenait, en traversant la Brie, les belles sources du Surmelin et de la Dhuys. Ces projets d’ali­mentation en eau potable par eau de source avaient de nomb­reux adversaires, à commencer par la majorité du monde savant qui marquait sa préférence pour l’eau de rivière et même l’eau de l’Ourcq.

Eugène Belgrand (1810-1878)

Les trois mémoires 
d’Haussmann

Dans un premier mémoire, Haussmann présentait la sépara­tion du service public et du ser­vice privé, ce qui fut une des grandes innovations de l’époque et qui reste aujourd’hui encore la base du service des eaux de Paris. L’adduction d’eaux de sources dérivées dans des aqueducs voû­tés pour le service privé, et l’af­fectation des eaux anciennes au service public, furent adoptées par le conseil municipal le 12 janvier 1855.

En 1858, Georges Eugène Haussmann présenta un deuxiè­me mémoire. C’est le 18 mars 1859 seulement que le conseil délibéra sur les questions soule­vées par ce second mémoire et statua sur l’ensemble des projets.

Haussmann et Belgrand durent abandonner le captage de la Somme-Soude, une vérita­ble ligue avait été formée contre toute dérivation. La résistance aveugle des populations de la Marne avait pour porte-parole passionné le député de l’arron­dissement d’Épernay, Monsieur Mathieu, avocat à Paris. D’ailleurs, les sécheresses des années 1857, 1858 et 1859 montrèrent une Somme-Soude particulièrement décevante: elle ne pouvait garantir l’alimentation de Paris.

Haussmann présenta un troi­sième mémoire le 20 avril 1860, en reprenant le projet de la déri­vation des sources de la Vanne, et poursuivit avec entêtement l’idée de dériver le Surmelin et la Dhuys.

L’avis du Conseil Municipal de Paris ne se fit pas attendre longtemps. Le 18 mai 1860, il prit les décisions suivantes:

«Article 1 : Il y a lieu de persis­ter dans le système de dérivation d’eaux de sources déjà adopté par la délibération du 18 mars 1859.

«Article 2 : Est approuvé le projet spécial qui a été dressé par les ingénieurs du Service Municipal pour la dérivation distincte des sources de la Dhuys et du Surmelin, et dont la dépense est évaluée à 14 millions.

«Article 3 : Monsieur le Préfet est invité à pour­suivre la déclaration d’utilité publique de ce projet spécial aussi bien que du projet primitif déjà adopté par le Conseil Municipal»

Eugène Belgrand s’était déjà mis à l’ouvrage dès les résultats positifs du second mémoire de Georges Eugène Haussmann, le 18 mars 1859. Dans «Les eaux nouvelles», il passe en revue tou­tes les sources susceptibles d’alimenter Paris à l’al­titude de 108 mètres. C’est la hauteur déterminée du niveau d’eau à l’arrivée du réservoir de Ménilmontant. Le choix de la Dhuys resta le seul possible dans l’urgence d’alimenter par simple gravitation les services haut et moyen de Paris.

Ce choix se montra plus que judicieux lors­qu’au 1er janvier 1860 Haussmann annexa à Paris les communes situées à l’intérieur de l’enceinte bâtie par Thiers entre 1 841 et 1845. La superficie de la capitale passa de 3 370 à 7 802 hectares, tandis que la population se trouva brutalement accrue. Elle était de 1 053 000 per­sonnes en 1851 et passa à 1 825 000 en 1866.

Belgrand et la Dhuys

Dès 1855, Belgrand avait reconnu les lieux. Il avait lu un nom caractéristique sur sa carte d’état-major «le Moulin de la Source», signe de l’existence d’une grande source. Il trouva en effet, à quelques mètres en amont du moulin, trois bassins séparés dans lesquels jaillissaient de très belles sources, qui alimentaient à elles seules la petite rivière de la Dhuys.

Lorsqu’on veut dériver l’eau d’une source, on doit l’acheter tout d’abord avant que son propriétaire n’ait bâti tous ses châteaux en Espagne et répété mille fois les calculs de Perrette, le laitière, en centu­plant la valeur de son immeuble.

L’Administration municipale de Paris m’a donc autorisé à acheter la Dhuis et les principales sources du Verdon et du Surmelin, longtemps avant l’exécution des travaux. La première acquisition faite a été celle de la Dhuis. En 1859, j’ai rédigé moi-même sur place les actes sous seing privé, avec le concours de l’ingénieur Huet et de M. Brajon, propriétaire ; nous avons fait bien des fois le tour des cinq hectares que M. Brajon vendait à la Ville, avant de nous arrêter à un prix raisonnable. Enfin, il fut convenu que ces cinq hectares, le moulin et les sources seraient payés 65 000 francs. C’était au moins trois fois la valeur de l’immeuble. Quelques mois après, ces actes sous seing privé furent converti en acte notarié.

Pour les autres sources que la ville a achetées depuis, dans les vallées de la Dhuis, du Verdon et du Surmelin (…) les jaugeages ont été faits dans une année très sèche et on est certain que l’on augmenterait notablement les débits par les travaux de captation. Néanmoins, le débit total des sources achetées par la Ville ne dépasse 312 litres par seconde ; avant ces dernières années de sécheresse extraordinaire, on l’évaluait à 460 litres.

Eugène Belgrand, Les Eaux nouvelles, 1882, p. 107.

Il acheta, toujours pour la ville de Paris, les 30 et 31 juillet 1859 quelques sources de la vallée du Surmelin. Entre les années 1864 et 1868, il fit l’acquisition de nombreuses sources et terrains dans les vallées du Verdon, affluent de la Dhuys et du Surmelin dans lequel se jette la Dhuys. Belgrand fait également état d’indemnités d’usines: «La rivière Dhuys était alimentée uni­quement par les trois sources, elle faisait marcher plusieurs usines [c’est-à-dire des moulins] et quoique les sources vendues par Monsieur Brajon fussent franches de toute servitude, néanmoins l’administration municipale de Paris décida que les usiniers seraient indemnisés en raison du tort que leur faisait la dérivation, quoiqu’ils n’eussent aucun droit à l’eau dérivée.»

L’utilité publique fut déclarée par un décret impérial du 4 mars 1862. Le projet de la dérivation de la Dhuys ne fut guère appré­cié dans la région. Belgrand trouva quelques alliés tels que Messieurs de Bonnefoy des Aulnais et Vallée. Bonnefoy des Aulnais était membre du Conseil général de l’Aisne pour le canton de Condé-en-Brie et Vallée était l’ingénieur responsa­ble des travaux de l’aqueduc entre les sources et le siphon de Saint-Fiacre. Belgrand leur rend hommage: «Grâce à Messieurs de Bonnefoy et Vallée, l’opinion des populations, qui était sinon hostile, au moins vacillante, est revenue à nous ; nous avons comp­té, parmi nos partisans, les hom­mes les plus influents. Les indem­nités de terrain et d’usines ont été réglées, à la satisfaction de tous, par trois experts choisis dans le pays.» Il conclut: «Les travaux, commencés à la fin de juin 1863, furent poussés avec une si grande vigueur que l’eau fut introduite dans l’aqueduc le 2 août 1865. La distribution régulière dans Paris commença le 1er octobre de la même année.»

20 mètres de pente 
pour 131 kilomètres

Le bassin de captage est une grande salle bétonnée recouverte d’une épaisse couche de terre, mesurant 200 mètres carrés environ, à l’intérieur de laquelle règne une température constan­te de l’ordre de 10 à 12 degrés. Vue de l’extérieur, c’est une sorte de butte ou coupole engazon­née.

Les sources qui pénètrent par les deux tuyaux de fonte font une petite chute sur des grilles situées dans des bassins de distri­bution. Elles pèsent à l’hydroti­mètre 23 degrés. Cet appareil permet de déterminer la dureté d’une eau. Elles sont à l’altitude de 128 mètres et vont bientôt parcourir plus de 131 kilomètres pour se jeter dans le réservoir de Ménilmontant à la hauteur de 108 mètres. La forme de l’aqueduc est ovoïde en tranchée avec une hauteur de 1,76 mètre pour une largeur de 1,40 mètre. Elle per­met à un homme et même à une barque de pouvoir pénétrer dans le conduit pour l’entretenir. 20 mètres de dénivellation pour 131 kilomètres est une entrepri­se remarquable que Belgrand n’a pas eu peur d’entreprendre. Cela donne une pente moyenne de 15 centimètres par kilomètre, mais la présence de 21 siphons ou conduites forcées sur près de 17 kilomètres, auxquels on a donné une charge de 0,55 mètre au kilomètre, oblige à corriger la pente de l’aqueduc libre à 10 centimètres par kilomètre.

.Gravure parue dans L’Illustration du 15 juillet 1865.

Sur les 3 883 premiers mètres, entre le bassin de captage et la tête amont du siphon de Montlevon, ont été construits deux aqueducs accolés présen­tant chacun la même dimension que la section ovoïde et qui communiquaient ensemble de distance en distance par des cloi­sons ajourées en briques à plat. Ces dispositions avaient pour but de modérer la vitesse de l’eau et de faciliter les dépôts de carbonate de chaux. On a depuis supprimé les communi­cations pour rendre possible le nettoyage de chaque côté séparé­ment sans interrompre le service.

La Dhuys oui, le Surmelin non

Les sources de la Dhuys sont les plus anciennes des sources captées à grande distance de la ville de Paris et amenées par une dérivation. Aucun appareil n’est utilisé, seulement la gravitation. Elles produisent 20 000 m3 en 24 heures. Mais l’aqueduc peut en contenir le double. Belgrand nous indique qu’à partir de l’ex­trémité «aval» du siphon de Montlevon, il existe sur une lon­gueur de 2270 m un «petit type» d’aqueduc à la dimension ovoï­de de 1,20 m de large, dans sa partie basse, et 1,64 m de hau­teur. C’est qu’en vérité, l’aque­duc double et le «petit type» reçoivent seulement l’eau de la Dhuys. À l’extrémité du «petit type», l’aqueduc devait recevoir les eaux de source que la ville de Paris possède dans la vallée du Verdon et du Surmelin. Mais le combat que menèrent les habi­tants de la vallée du Surmelin firent que le projet initial fut modifié.

Dans la séance du Sénat du 8 août 1864, Manet, le rappor­teur, indiquait «qu’il ne voulait pas revenir sur le décret du 4 mars 1862 qui approuvait et déclarait d’utilité publique les travaux à faire pour la dérivation des sources de la Dhuys achetées par la ville de Paris, décret que plusieurs péti­tionnaires dénonçaient comme inconstitutionnel [et qui avait], sur le rapport de Monsieur Royen, été maintenu par le Sénat dans sa séance du 28 juin 1862». Il faisait en revanche état de trois péti­tions concernant le Surmelin, celle de 14 maires de la vallée du Surmelin, celle de 211 habitants de la petite vallée d’Orbais-l’Abbaye et celle d’un syndicat institué pour la défense des inté­rêts de la vallée du Surmelin qui avait recueilli 42 signatures. Les communes sur le parcours du Surmelin s’émurent tant et si bien qu’en juillet 1866, l’impé­ratrice en voyage pour la Lorraine se déclara à Épernay la protectrice du Surmelin. Le pro­jet fut alors abandonné.

Un tour de force 
technique

De nombreux problèmes tech­niques se posèrent à Belgrand en particulier sur les 21 siphons pour la traversée des vallées et sur les souterrains qu’il dut entrepren­dre pour rester dans la pente de gravitation, ou pour couper court sur un cap, à flanc de coteau, dans les éboulis des marnes vertes et sur les plateaux ou encore dans la nappe d’eau soutenue par ces mar­nes. Belgrand conclut d’ailleurs avec prudence : «Quoi qu’on fasse, on ne sera jamais dans une sécurité complète sur l’état de l’aqueduc ; des accidents peuvent se pro­duire chaque jour, surtout à la suite des longues pluies et des fontes de neige. Une surveillance minutieuse et constante y sera toujours néces­saire.»

Belgrand, Travaux souterrains de Paris, tome IV, Atlas, 1882, planche 20 (détail).

Aux extrémités de chaque siphon, il existe un grand regard qui permet de visiter les vannes d’introduction et de sortie de l’eau, soit 42 regards. Il y a 216 petits regards, espacés d’environ 500 mètres, qui permettent, d’a­près Belgrand, de visiter en bateau toutes les parties de l’a­queduc libre construit en maçonnerie.

La longueur totale de l’ensem­ble des siphons est de près de 17 kilomètres et nous pouvons mentionner particulièrement celui de la Marne qui enjam­bait celle-ci avec deux arches de 22,50 mètres et une troisième, centrale, de 27 mètres.

Le pont-aqueduc entre Chessy et Dampmart en 1865 (Belgrand, Travaux souterrains de Paris, tome IV, Atlas, 1882, planche 23). Ce pont a été détruit par un bombardement au début de la Seconde Guerre mondiale. Ses pierres, laissées à l’abandon, ont été utilisées à partir de 1987 par le sculpteur Jacques Servières pour créer le jardin de sculptures de la Dhuys.

Propriété de la Ville 
de Paris

La Ville de Paris a acquis le terrain traversé par le tracé sur 10 mètres de largeur, soit cinq mètres de chaque côté de l’axe, dans les terrains non boisés, et vingt mètres de largeur, soit dix mètres de chaque côté de l’axe, dans les terrains boisés.

Au cours de l’année 1865, le réservoir de Ménilmontant fut construit sur deux étages. Les bassins inférieurs, d’une capacité de 28 500 m3, reçoivent les eaux de la Marne relevées par les machines de Saint-Maur cons­truites à partir de 1864. Les bas­sins supérieurs, qui reçoivent les eaux de sources de la Dhuys, peuvent contenir 95 000 m3. lls portent des voûtes d’arête légè­res de 7 cm d’épaisseur supportées par des piliers espacés de 6 mètres d’axe en axe. Ces voûtes sont couvertes d’une couche de terre gazonnée de 40 cm d’épais­seur.

Les travaux du réservoir de Ménilmontant. Gravure parue dans L’Illustration du 22 juillet 1865.

On a reproché à Belgrand comme constructeur d’avoir trop négligé la forme en n’accordant à ses monuments ni une saillie ni une moulure. Tous les ouvrages apparents sont en maçonnerie brute simplement rejointée, sans aucun appareil ni ornement quelconque. Il ne craint pas le ridicule en donnant aux 216 regards une porte haute de 1,20 m et des échelons espacés de 50 cm !

La première fontaine Wallace de la capitale fut posée boule­vard de la Villette en septembre 1871, au milieu de l’enthousias­me général. Tout le monde vou­lait boire la bonne eau de la Dhuys, et il y eut de véritables échauffourées, accompagnées de bris de vases, cruches et pots divers.

(Article paru initialement dans Graines d’histoire, la mémoire de l’Aisne, n° 19, juillet 2003. Reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.)